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Micro-nouvelle


En 1990, on habitait l’immeuble d’en face. En face de la grande surface, celle qui bousille le travail, le petit travail, d’après Papa.

Notre lieu d’habitation n’avait ni charme, ni attrait, c’était d’ailleurs pour ça que mes parents avait craqué. Ils ne voulaient pas rendre l’autre jaloux, c’était le pire des vices, le pire des vices, ils répétaient en boucle. Ils étaient rêveurs et anticapitalistes, en tout cas j’avais fini par le croire. Alors, la cuisine était aussi bancale, que notre espace vital. Le luminaire, n’avait jamais servi à éclairer nos mines, il portait les manteaux. Chez nous, on customisait et la lumière était tamisée.

Un jour d’automne, alors que le soleil ne crépitait plus, que le bruit parental était ailleurs, une voix suraiguë prit son envol. Comme répulsé au premier abord, j’ai accroché mon oreille, j’écoutais ces dissonances. Il était dix heures, et l’école était en grève pour cause de non justice sociale, sanitaire et démocratique.

L’immeuble était désert, et la voix se croyait seule, en tête à tête avec elle-même. Elle donnait un concert d’un peu plus d’une heure quarante, celle-ci remerciait systématiquement son public, si fidèle pourtant si silencieux.

Une chanson se terminait, s’ensuivait une dédicace à un amour lointain du nom de Franck, une autre mélodie couvrait le vide de sons, et ça repartait à plein poumon.

Le retentissement d’une sonnerie se fit entendre, je n’attendais pourtant personne. Fidèle à la prudence, je mugis un « qui est-ce ». La réponse de la sonnette fut comme instantanée : « c’est Franck, ouvre ». Sans ouvrir, je lui indiquais qu’il devait sûrement être attendu à l’étage supérieur.

Puis plus un mot, plus une voix.

Crédit photo : Julia Roberts qui semble étonnée

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