ébats pour un débat en salle 514
4 jours. Le tournage a duré quatre jours. Ça se voit, ça se sent, ça se ressent. Peu importe, si l’esthétique laisse à désirer, cette fois-ci, on laissera le standard français au placard.
Toute la beauté du film s’incarne dans le dialogue, car dans cette pièce les dialogues s’enchaînent, les heurts se déchaînent, on n’en sortira pas indemne.
D’abord, une femme, en tenue militaire. Bientôt, elle quittera l’armée, pour mener sa barque. On l’apprend au détour, d’un couloir. Il ne lui reste plus beaucoup de jours.
Pour l’instant, face caméra, elle part à la recherche de l’aveu. Elle ne lâche pas sa proie, ne mâche pas ses mots, elle persiste. Elle ose tout, la routspa sur grand écran.
La pièce alors ensommeillée sort de ses gonds, le soldat en face prend peur, il est intimidé. La femme dos au mur, se lance dans une tirade, elle apparaît infatigable. Elle ne fera pas de concession sur la vérité. Que de fulgurances rhétoriques !
Il y a une rumeur qui court, elle court vite.
Un soldat aurait transgressé la règle, sans raison, sans excuse, croyant que l’impunité planait au-dessus de son uniforme. En territoire disputé, il aurait humilié un père de famille palestinien, il l’aurait agressé sauvagement lors d’un contrôle de sécurité.
La femme tout en kaki, a prêté attention aux rumeurs, elle veut rendre justice, parce que piétiner la dignité humaine, ça ne se fait pas. Non, ça ne devrait pas se produire. Pour que ça ne se reproduise pas, elle enquête.
Elle confronte un soldat, puis un autre. On voudrait, qu’elle cesse son acharnement. Les hommes surtout, lui infligent le doute. Comme si, elle allait trop loin, comme si elle était à l’origine du pire.
Elle redouble d’intensité, elle le sait, le voile va finir par s’envoler.
Le présumé coupable, est jeune, il est beau. Trop convaincu de sa non-culpabilité. On pourrait dire, qu’il fait la guerre, la vraie. Ce n’est pas facile, pas le moins du monde.
Il se bat, il voit, il vit, il survit. Il porte un poids, il porte une arme, qui jamais ne se détache, de son torse, pas même de son omoplate.
Il peine à respirer, il donne des arguments qui sont valables, pourtant si réfutables.
Nous, on ne peut se réfugier derrière le manichéen. La guerre, nous fait peur, elle nous horrifie. Qui sont les ennemis, les saltimbanques, les méchants ?
On voudrait choisir un camp, dire que le bien, ça ne va que d’un côté. Dire que le mal, c’est l’enfer.
On ne pourra pas. Après ça, on n’est plus extérieur. On n’est plus spectateur. On est dans la nébuleuse.
C’est ça, la beauté du film.
Crédit photo : Room 415 - le film