Je vis. Vous aussi ?
Je vis.
Je vis dans le 11ème arrondissement de Paris. Vous le connaissez tous. Rien ne sert de feindre. De jouer la comédie.
Là-bas, il y a les meilleures adresses pour les bons vivants. La Belle Equipe, Le Petit Cambodge, Le Carillon.
Ceux qui boivent, s'éclatent le bide, s'exaltent pour des clopinettes et des clopes tout court. Vous y verrez la fourchette en l'air des scènes.
On vous dira circulez y a rien à voir.
De mon côté de la Seine. Il s'en passe des gesticulations.
Champs de bataille, il a été. Du sang, il a coulé. La Place de la République, elle a pleuré. Elle a hurlé au vol. On lui a pris des civils. On a voulu la massacrer. Elle a fini toute nettoyée. Elle brillait. Neuve pour un jour. Des millions, ça a coûté.
Les manifestations s'illustrent toujours aussi gaiement. Contre Le FN. Pour l'égalité des sexes. Pour le mariage pour tous. Pour Charlie. Pour le progrès. Pour le mois de mars qui n'en finit pas.
Il y a du bruit. Ça siffle, ça clame La Marseillaise, ça foule le pavé. C'est le brouhaha qui retentit.
Un souffle s'échappe. C’est la jeunesse qui se ramasse. Se relève. S'élève. Se cogne. Les lycéens ne ronronnent pas. Pas ici.
Les bistrots se remplissent, se vident. Ils doivent refuser des clients. Comme un ventre qui s'affame puis qui se goinfre à n'en plus pouvoir.
L'assiette est belle, boulgour à la crème de concombre : produits beaux, locaux, bio voire gluten-free.
En terrasse, on s'abrutit à zieuter les rayons de soleil. La nuit, on s'éblouit, car le lampadaire en a trop dit.
Tout y est multiculturel autant la cuisinière et son chiffon que l'homme derrière le comptoir, celui qui ne rentrera pas sobre ce soir.
Chez moi, il y a de la diversité : de Goncourt à Parmentier.
Un chocolatier, pour les bouffées d'angoisse, un Take- Away dont l'œuf est la star, pour les jours sans faim. Le ravalement de façade donne la tournis à l'avenue.
Mon quartier bouge.
Mon quartier jamais ne se rangera. Il y a trop de gens dedans, ce sont ceux qui décident de la pluie et du beau temps.
C'est un instable. Un artiste. Un de ceux qu'on ne maîtrise pas.
J'exagère mais vivre ici, c'est politique. C'est remuer, parce qu'on ne s'accommode pas de l'habitude. Ça nous ronge.
L'excès me comble. Je ne m'en passerai donc pas. Surtout pas de modération sur la création.
Vous êtes intrigué : La rue est à vous. Dojo (application de non routine de vie à télécharger) vous guidera.
Crédit photo : Instagram est très généreux (2ème photo @cactusclub)