top of page

Ecrire ça ne me tue pas


blog écriture onlitles-a

Je ne voulais pas écrire, je voulais me terrer dans un silence, celui de mon enfance. Un bref retour en arrière dans une innocence sans souffrance et une maman sans grands-parents. Une histoire pas banale, qui se raconte comme un scandale, comme la trahison d’une douce France, qui a livré son peuple à la démence.

Si l’on se souvient bien, la France est entrée en guerre, elle était occupée, elle n’était pas libre, elle a déclaré travail, famille, patrie et pleins de petits bébés. Aryens s’il vous plait. La collaboration a fait son petit bonhomme de chemin. La délation, la dénonciation, la déportation n’ont pas seulement rimé, elles ont tué. Les juifs de France n’avaient plus le droit de vie en France. Les juifs pas de France n’avaient pas le droit de vie, et pas du tout de chance.

Revenons à mon histoire de jeune fille sans arrière grands-parents car ma maman n’avait pas de grands-parents, car son papa avait perdu ses parents. Comment perd-on ses parents ? J’ai perdu du regard ma mère, mon père, mes frères et mes sœurs. Je n’ai jamais perdu mes parents. Je les ai toujours retrouvés au bord de la route, à l’angle de ma rue, plus loin sur l’avenue.

Comment perd-on son papa, et sa maman ? Mon papi, il était pas bien grand, quelques années par ci, quelques années par là et ça fait 5 à 6 ans de vie dans les années trente. Puis, il s’est retrouvé dans le coffre d’une voiture, il était en zone libre.

Sa maman, elle s’est perdue sur le chemin de la gloire, elle a été arrêtée par un monsieur en uniforme bleu blanc rouge, il parlait le français. Il s’insurgeait, il ne ressemblait pas à un aryen, juste à rien. Elle était pas connue cette femme-là, et pourtant, la concierge l’épiait et la montrait du doigt. Elle est partie un jour, et elle a disparu un autre. Le papa de mon papi, il a dit : j’aime la France, je suis soldat français saperlipopette. Il s’est perdu dans un village français, un jour on l’a retrouvé, 6 pieds sous terre. Sa maman, son papa, se sont perdus. Comme 6 millions d’hommes, de femmes, et d’enfants.

Ma maman, elle parle tout le temps, elle parle trop parfois. Elle dit que ce sujet-là, ce n’est pas une obsession, c’est juste ce qui l’obsède. Elle lit des livres, elle voit des films, elle écoute des gens. Moi, je lis des livres, je vois des films, j’écoute des gens. Avant, j’en parlais trop, après j’en parlais plus, maintenant j’en parle, mais après je ne veux plus rire, plus me nourrir, plus guérir.

Je suis la troisième génération, je suis celle de la petite cuillère en argent plaquée or dans la bouche. Je suis celle qui peut tout, et qui pleure de tout. Je suis la génération qui ne vit plus avec ça. Je suis la génération Y, Y en marre d’être dépressif.

Pourtant, je suis tatouée. Je suis transpercée. Je suis tétanisée par ce qui s’est passé, il y a quelques années.

Puis, il y a eu Ilan Halimi. Puis il y eu Toulouse. Puis il y eu Charlie. Puis il y a eu tous ces charlatans. Puis il y a eu Hyper Cacher, puis il y a eu toi, puis il y eu moi.

Vous êtes intrigué : Vous n'avez pas fini de l'être. + : Un film frappant sur la radicalisation ou la dé-radicalisation en France - Le ciel attendra. De Marie-Castille Mention-Schaar. Ou encore Je vous sauverai tous d'Emilie Frèche. Crédit photo : Vous reconnaissez le trait de crayon ? C'est Joann Sfar, le dessinateur qui fait parler les chats (Le chat du rabbin), celui aussi qui s'investit dans un tas de choses surréalistes. Il est engagé.

ON PERD DU TEMPS SUR

  • Black Facebook Icon
  • Black Instagram Icon

IL Y A SOLEIL DONC IL Y A NEWSLETTER

EN VOGUE

bottom of page